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13/08/2019

L’état de la chapelle Sainte-Suzanne est pire que prévu

Le cabinet Archaeb (Architecture du patrimoine, agence de Frédéric Le Bec), a rendu son diagnostic sur l’état des lieux de la chapelle Sainte-Suzanne de Mûr-de-Bretagne (Côtes-d’Armor), surnommée « la chapelle sixtine bretonne » en raison de sa magnifique voûte peinte. Et le verdict est tombé : le bâtiment est dans un état pire que ce qu’on pouvait imaginer. La chapelle est bel et bien dans un état critique.

Deux fuites actives sont nettement repérées sur la couverture. Il serait judicieux de faire intervenir d’urgence un couvreur afin de stopper les infiltrations ponctuelles et protéger les éléments en contrebas : charpente, voûte lambrissée, en attendant le début des travaux »

préconise ainsi le rapport que nous avons pu nous procurer. Ce n’est pas là une grande surprise. On savait certes que la toiture avait perdu son imperméabilité, entraînant des infiltrations telles que la voûte, trésor patrimonial inestimable qui est à l’origine du surnom donné à l’édifice, est endommagée.

A cette préconisation d’urgence, l’architecte en a ajoutée une autre : « poser des appareils de mesure et étudier l’évolution des fissures présentes sur le clocher notamment. » En clair : l’architecte est inquiet devant l’état du clocher.

La charpente à refaire

Mais le pire, c’est l’état de la charpente. Jusqu’à présent, les défenseurs de la chapelle et la municipalité espéraient que des travaux de couverture suffiraient. Mais l’étude de diagnostic a brisé leurs espoirs. La charpente va devoir être entièrement refaite. L’étude est claire :

L’état très préoccupant des bois nécessite une dépose complète de la couverture et des pannes de la charpente. »

La pause d’un échafaudage parapluie est même suggéré par l’architecte durant la restauration.

Quant à la voûte lambrissée, « étant donné l’état très fragile des bois en résineux de cette voûte lambrissée, il est préconisé une restauration sur place par le dessus pour la consolidation des bois, sauf pour les lames de la croisée du transept qui sont plus récentes et qui pourraient donc être déposées pour être restauration ».

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Un terrain trop spongieux

Qu’est-ce qui explique cet état des lieux préoccupant ? La vétusté de l’édifice ? Le mauvais entretien au cours des siècles passés ? Pas seulement. L’architecte s’interroge sur deux points cruciaux : le lieu d’implantation de l’édifice d’abord. Les Mûrois le savent, nous sommes ici sur un véritable « château d’eau ». De nombreuses caves alentours et le cimetière voisin sont ainsi régulièrement inondés. Dès lors, les infiltrations par le sol sont nombreuses. Ce qui dans un premier temps, va nécessiter la dépose des enduits ciments à l’intérieur de l’édifice et la pose d’un enduit à chaux avec badigeon ou enduit à la terre avec en partie basse un enduit poussolane pour mieux canaliser cette humidité. Le calfeutrement en ciment des baies devra aussi être refait. Ensuite, l’architecte préconise la pose d’un caniveau pavé autour de l’édifice pour les eaux de pluie, et peut-être d’un drain.

Cela suffira-t-il pour stabiliser le clocher ? Car dans ce rapport, on découvre aussi que le terrain, rendu trop meuble car trop humide, est sans doute responsable de l’évolution du clocher qui serait trop lourd. D’où apparition de lézardes…

Combien ?

Bref, pour résumer : le plus bel élément patrimonial de toute la région de Loudéac est aujourd’hui un chef-d’œuvre en péril. Aucune indication n’est donnée sur le prix que coûtera sa rénovation. Mais cette dernière sera certainement longue et onéreuse et est en tout cas urgentissime. Certes, le monument est classé aux monuments historiques et des aides importantes sont attendues. Mais elles ne seront pas suffisantes pour acquitter la facture. Plus que jamais, les défenseurs de la chapelle auront donc besoin de la générosité publique.